Bâtiment inné n°3, 2016, encre sur plexi, 70 x 50 cm
Bâtiment inné n°3, 2016, encre sur plexi, 70 x 50 cm

Commentaires de l'artiste

Dans ma pratique picturale, tout est prétexte à peindre : une sensation, un objet, un souvenir… Ce qui m’intéresse est de pousser la peinture, quitte à ce qu’elle s’anéantisse, jusqu’à ce que le sujet définitif s’impose à moi. Je cherche à créer une sorte de correspondance entre la matière, la couleur et le sujet qui émerge presque à mon insu. Je guette ce moment.

L’élaboration laisse place aux accidents, aux bouleversements, qu’il me faut utiliser. De cette résistance, et face à la catastrophe incessante, je cherche à faire surgir une présence, qui épouserait les traits d’un double inattendu de la réalité, énigmatique, équivoque. Je cherche à canaliser le chaos originel du processus de création, tout en gardant son mouvement, sa vitalité. Il y a toujours le risque que la catastrophe envahisse le tableau. 

Je joue avec ce paradoxe : énergie et composition. Le motif, qu’il provienne du réel ou d’une image, n’est qu’un déclencheur. Il doit être transformé, réinventé. On ne crée pas à partir de rien. Le rien n’existe pas. Ou, en d’autres termes, il n’existe que pour celui qui est dupe de ce qu’il assemble. Il y a toujours une foule de choses. En partant d’un motif et en le transformant, en recouvrant, en effaçant, je cherche à me débarrasser de ces choses, des « clichés » que l’on a dans la tête, à enlever ce qui encombre, à nettoyer, pour réinventer. Je peux avoir recours à un fragment de tableaux de maître, un objet, une figure, un lieu ; mais l’image sera contaminée par la matière, déformée, transformée, pour que le véritable sujet du tableau advienne. Je peins pour débusquer mes désirs profonds et en construire l’agencement.


« Les idées ne suffisent pas, il faut le miracle », dit André Derain